Pierre de lune ou adulaire
Pour entrer en matière, je vous dirai que j’apprécie davantage l’appellation « pierre de lune » que celle d’ « adulaire » : vous m’excuserez d’avoir un faible pour les poètes plutôt que pour les minéralogistes…
Il est cependant bien certain, contrairement à ce que certains pourraient croire, que la pierre de lune ne vient pas de la lune et que mon ami Pierrot n’a rien à voir dans l’histoire !
Pour faire plaisir aux techniciens, et selon une habitude prise, je vais donc me débarrasser des données bassement matérialistes, avant de prendre en compte avec beaucoup plus de plaisir les éléments plus subtils de cette belle pierre.
La pierre de lune est donc une variété d’adulaire et fait partie de manière plus générale des orthoses. Sa dureté sur l’échelle de Mohs est de 6 et elle appartient au système cristallin monoclinique.
Elle est caractérisée par des irisations dans des tons très variés, du gris au beige, en passant par l’oranger. Elle est de ce fait surtout utilisée en joaillerie dans une taille cabochon, ce qui permet de faire ressortir encore plus les différences de teintes qu’elle présente.
Dans l’Antiquité, elle était dédiée à la déesse Artémis (chez les Grecs) ou Diane (chez les Romains).
Plus près de nous, pour Antoine Mizauld, l’astrologue et médecin de Marguerite de Valois, reine de Navarre et sœur du roi de France François 1er, la pierre de lune reproduisait les phases de la lune. Il eut l’occasion d’en examiner un exemplaire de près, en compagnie du mathématicien du roi, Oronce Finé. Selon leurs observations, rapportées dans un ouvrage sur les secrets de la lune, la pierre changeait d’aspect au moment de la conjonction de la lune avec le soleil. Il apparaissait alors « au plus haut de la rotondité de la pierre, comme un petit grain de mil fort obscur, qui chaque jour croissait en cornichon blanc et qui visiblement augmentait, jusqu’à ce qu’il fut parvenu au centre de la pierre, où il apparaissait alors tout rond comme un gros pois : cela signifiait que c’était le jour de la pleine lune. Puis, le grain diminuait en descendant, jusqu’à retourner au point d’où il était venu ». Et là, plus de cornichon, il ne restait que le vinaigre, du terme « vin aigre », à mon avis largement consommé par ces doctes savants !
Le pape Léon X en aurait également possédée une qui se transformait et transmutait selon les changements et les mutations de la lune. On est croyant, ou on ne l’est pas, na !
Plus prosaïquement, contentons-nous des propriétés de la pierre de lune en lithothérapie.
Tout d’abord, elle passe pour symboliser l’enfance et la candeur. Elle favoriserait la réconciliation des amoureux et elle apporterait la félicité conjugale : j’aurais dû la connaître bien plus tôt, moi celle-là!
Certains auteurs conseillent son usage au moment de la pleine lune pour favoriser le drainage cellulaire.
Si elle est portée en lune décroissante, elle stimule l’imagination poétique et la sensibilité passive : ce n’est pas pour rien que je vous parlais des poètes plus haut. Elle donnerait aussi la clairvoyance et la faculté de prédire l’avenir : vous ne parlerez plus maintenant de Madame Soleil mais de Madame Lune !
Et enfin, elle procurerait des songes qui éclaireraient sur les décisions à prendre.
Pour sa part, dans sa « Matière médicale », Dioscoride, médecin du 1er siècle après Jésus-Christ, lui prête la vertu de guérir de l’épilepsie. Cela ne date pas d’hier.
Actuellement, elle est utilisée sur le plan physique pour réguler les cycles menstruels et intervenir de manière plus large sur les phénomènes hormonaux et la stérilité féminine. Elle sert également à calmer les douleurs gastriques et apporte de l’aide au moment de la ménopause.
Sur le plan mental, elle rassure en cas de peurs injustifiées. C’est évidemment une pierre yin, particulièrement recommandée aux femmes.
Enfin, elle diminue la peur de l’autre en favorisant l’accueil de la nouveauté et elle compense très bien des tendances trop matérialistes.
Vraiment la pierre du rêve par excellence !