Alexandrite
Pour une, au diable l’avarice : n’hésitons pas à nous intéresser à l’alexandrite, même si son prix n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Il faut bien dire que l’alexandrite fait partie d’une « famille » de pierres prestigieuses, les chrysobéryls, où elle « cousine » avec d’autres membres aussi prestigieux que sont les émeraudes, les aigues-marines, les héliodores, les morganites et autres béryls tout aussi réputés.
Ce n’est pourtant pas cette appartenance familiale qui détermine son prix, mais plutôt une particularité assez rare : l’alexandrite change de couleur avec l’éclairage. Et c’est ainsi que les alexandrites de belles qualité sont souvent plus chères que le plus beau des diamants…
Sa formule chimique Be(AlO2)2 peut contenir des traces de chrome et de fer. Elle a une dureté remarquable de 8,5 sur l’échelle de Mohs et elle appartient au système cristallin orthorhombique.
Elle a été décrite par le minéralogiste finlandais Nils Gustaf Nordenskiöld en 1842. Elle tient son nom de celui du tsar Alexandre II, à qui Nordenskiöld l’a dédiée.
La mine la plus importante se trouvait en Russie où les plus belles pierres variaient du vert au rouge qui sont les couleurs du tsar. Cette mine est aujourd’hui épuisée, mais on en trouve également au Brésil, au Sri Lanka et à Madagascar.
Le dichroïsme de l’alexandrite : elle est verte en lumière naturelle…
…et rouge en lumière artificielle.
Cette particularité lui vaut le surnom d’émeraude du jour et de rubis de nuit.
Ce phénomène de changement de couleur est appelé dichroïsme, c’est-à-dire la propriété qu’ont certaines substances (comme les cristaux) à offrir des colorations diverses, selon les circonstances d’observation. Dans un milieu cristallin, les vibrations lumineuses sont inégalement absorbées suivant la direction de pénétration du rayon lumineux. Il en résulte des variations de couleur suivant l’orientation d’un cristal.
Indications thérapeutiques de l’alexandrite
Son dichroïsme vert – rouge en fait tout de suite une pierre de lithothérapie intéressante pour le système cardiovasculaire (cholestérol, infarctus, rupture d’anévrisme, accident vasculaire cérébral). Elle passe pour stimuler la glande pinéale, l’hypophyse et le cerveau. Elle faciliterait la relaxation avant une intervention chirurgicale ou tout examen invasif. Elle apporte une aide appréciable pour les tissus neurologiques et les effets secondaires de la leucémie.
Ces indications thérapeutiques reconnues à l’alexandrite sont des applications peu courantes dans le monde de la lithothérapie. L’intérêt de l’alexandrite est donc bien réel.
Au niveau psychologique, elle inspire l’imagination et facilite la maturité émotionnelle. Régénératrice, elle reconstruit l’estime de soi et le sentiment de sa propre valeur. Elle intensifie les rêves et la perception des sentiments chez soi ou chez l’autre. Encore une fois, par son dichroïsme, elle passe pour unifier les contraires comme puissance et justice, force et douceur. Elle diminue le trac et la peur de l’inconnu.
Son prix très élevé (jusqu’à 20.000 € du carat, soit 1/5 de gramme, pour les plus beau spécimens) a motivé les chimistes pour produire de l’alexandrite synthétique.
Elle est alors imitée à l’aide de verres, voire de doublets (la technique du doublet est détaillée à la fin de l’article sur l’alexandrite) à couleur changeante, mais l’imitation la plus fréquente est réalisée en procédé Verneuil par des spinelles et surtout des corindons synthétiques, bleu-vert à la lumière du jour et pourpres à celle des bougies (ce sont la plupart des « alexandrites » proposées aux touristes dans les diverses villes nommées Alexandrie, ainsi qu’en Orient et en Amérique du Sud).
De l’alexandrite synthétique fabriquée par dissolution anhydre, fort convaincante, est commercialisée depuis 1973. Ses propriétés physiques sont identiques à celles des alexandrites russes, mais elle recèle généralement quelques inclusions typiques de la cristallisation en milieu anhydre (reliquats de fondant, cristaux parasites noirs en aiguilles et en plaquettes notamment). Elle est fabriquée aux États-Unis, au Japon, en Russie, en Chine.
Le doublet de corindon fin – corindon synthétique vise à imiter les rubis ou les saphirs, ainsi que les autres corindons de couleurs. La mesure des indices de réfraction de la couronne et de la culasse ne révèlera pas la supercherie étant donné que les matières collées entre elles sont chimiquement et cristallographiquement semblables. Une observation trop rapide des inclusions de la partie supérieure et naturelle de la pierre peut tromper quant à la réelle nature de l’assemblage, surtout quand le montage de la pierre est réalisé en sertis clos et qu’il n’est alors pas possible de vérifier par le côté de la pierre, qui laisse souvent apparaître la ligne de collage.